Mettre à plat du papier

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En 2012, les Archives de Paris ont reçu en dépôt, le fonds d’Henry Bidou (1873-1943), homme de lettres. Ce fonds est composé de manuscrits, de tapuscrits notamment ceux des épreuves. En imprimerie et en littérature, ce terme désigne une feuille sur laquelle il est indiqué les corrections à effectuer.

En traitant ce fonds, j’ai découvert des épreuves conditionnées en rouleaux depuis 100 ans. La restauratrice les a remis à plat.

rouleau

Pour changer la forme d’un papier, il faut prendre soin de ne pas casser les fibres du papier mais les détendre pour lui donner la forme que l’on souhaite.

L’idéale serait de commencer par gommer les documents. Le gommage est une technique qui permet d’enlever la poussière sur un papier. Cependant, il ne peut pas toujours être effectué par manque de temps, de moyens, etc. Il faut cibler les priorités, il est peu utile de le faire sur ces documents si on ne le fait pas sur l’ensemble du fonds.

En premier lieu, la restauratrice examine le papier, définit sa fragilité, sa rigidité, son acidité ainsi que l’encre utilisée. En ce qui concerne ces documents, le papier date des premières décennies du XXe siècle, il est de moyenne qualité et il est utilisé de l’encre de stylo plume.

Les papiers sont mis à plat sur des buvards et des intissés. Ce dernier est un papier composé de fibres, il en existe plusieurs types qu’il faut choisir selon le matériau du document et l’encre. Puis par-dessus, il est posé du SympaTex, matériau ressemble à du coton avec une face plastifiée. Cette dernière est posée sur les documents puis, il faut humidifier la face « cotonnée » avec de l’eau déminéralisée afin de ne pas apporter de corps étrangers. Et à nouveau par-dessus, est posé un plastique afin d’éviter que l’eau s’évapore. Cette superposition doit rester en place 45 minutes à une heure. L’humidification et le temps de pose varient selon les caractéristiques du document. Par exemple, pour un parchemin, 10 à 15 minutes suffisent pour pouvoir le travailler. Cette méthode se nomme l’humidification indirecte car l’eau n’est pas pulvérisée directement sur les documents mais sur le SympaTex.

Ensuite, il faut placer les feuilles de papier sur un tapis de coupe et un buvard et mettre par-dessus des intissés, un ais (plaque en bois) et des poids. La restauratrice du service des Archives de Paris utilise des poids de 5 kg, cependant, il en existe plein de poids différents. Il aurait été possible également de travailler avec la presse. Cette dernière sert surtout quand il est nécessaire d’avoir une force importante.

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La méthode et le vocabulaire sont techniques. Notre métier d’archiviste ne nous mènera pas à faire cela. Cependant, il est intéressant de connaitre les méthodes, les outils, le vocabulaire pour comprendre le travail du restaurateur et pour pouvoir, lors d’un appel d’offre, faire le meilleur choix.

Jessica Ogeron