L’évaluation des collections en bibliothèque

Compte-rendu de l’intervention de Benjamin Caraco, conservateur et responsable du pôle de la politique documentaire, Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines.

L’intervention de Benjamin Caraco nous a permis d’explorer le point de vue des bibliothécaires en matière d’évaluation. L’évaluation des collections en bibliothèque est une pratique ancienne. Cela s’explique par le fait que la constitution d’une collection en bibliothèque est à l’opposé de la constitution d’une collection de livres par un collectionneur. L’expression « évaluation des collections » ne peut être définie comme une science des bibliothèques mais plutôt comme un savoir-faire de « bibliothéconomie » : cela veut dire gérer une bibliothèque. La « bibliothéconomie » recouvre la politique de documentaire, la politique de service.

La politique documentaire est un ensemble de processus : acquisition, conservation, sélection documentaire et politique d’accès. Un de ses grands principes est d’adapter les collections aux besoins des usagers. Elle est aussi appelée « bibliométrie » lorsque ce sont les chercheurs qui évaluent les collections des bibliothèques. La « bibliométrie » est à la fois un outil pour les bibliothécaires face au besoin des lecteurs (avec des indicateurstels que les taux d’emprunts, la communication sur place, ou la réservation d’ouvrages) et un instrument de gestion des collections, permettant par exemple de juger de leur obsolescence.

Avec la montée du numérique et des ressources en ligne les prêts diminuent et de nouveaux indicateurs apparaissent. Ces derniers sont des éléments essentiels à l’évaluation des collections physiques et de la bibliothèque en général. L’évaluation monte en puissance dans l’université. C’est dû aux nouvelles compétences données à l’université, aux nouvelles logiques comme la contractualisation c’est-à-dire, que les bibliothèques travaillent sur contrat, elle demande des budgets pour des projets particuliers. Le besoin de performance entraîne la création de plus en plus d’indicateurs pour justifier et prouver l’utilité de la bibliothèque en tant que service à la nouvelle tutelle (la bibliothèque est une des missions de l’université).

 

En 2013-2014 un nouveau plan de développement des collections à la Bibliothèque Universitaire de Saint-Quentin-en-Yvelines est élaboré. Ce nouveau plan se positionne surtout sur les collections papiers. Il est composé de deux objectifs : articuler la dimension scientifique des acquisitions avec la dimension budgétaire, en rapport avec les thématiques de recherche de l’université et donc avec les publics visés. Ce plan est un outil quotidien pour les acquéreurs et un outil de dialogue budgétaire et de transparence avec leur financeur et les usagers. Les bibliothécaires analysent une collection pour se renseigner sur l’environnement enseignant-étudiants et sur l’historique des moyens pour chaque discipline d’un point de vue budgétaire. Ils segmentent les collections et à chaque segment sont attaché une dizaine d’indicateurs classiques : volumétrie, âge, prêt, acquisition et désherbage. Ce plan de développement permet d’être utile au pilotage des collections. Une analyse littéraire sur les forces et les faiblesses par les bibliothécaires est effectuée. En ce qui concerne le numérique, les bibliothécaires essayent d’adapter les indicateurs aux métadonnées. Ils ouvrent ainsi une nouvelle voie de réflexion.

Cette évaluation permet de dépasser les a priori que les archivistes ont sur les collections et permet de voir si certaines collections se sont dégradées ou non. Cependant, l’évaluation quantitative ne remplace nullement le travail intellectuel de la sélection des titres, la lecture personnelle effectuée par les bibliothécaires et le dialogue entre ces derniers et les usagers.

 

Laurianne Quentin