Histoire et valorisation du fonds d’archives privées Anita Conti

Première femme océanographe française, Anita Conti (1899-1997), humaniste active et passionnée, était aussi relieuse d’art, journaliste, photographe et écrivain. Figure mythique du monde maritime, elle a sillonné les mers pendant près de 80 ans, pris des milliers de photographies et amassé un grand volume de notes et de documentation.
En 1986, Anita Conti rencontre Laurent Girault et l’invite à lui rendre visite dans son appartement parisien de la rue de Rivoli. Cette antre, qu’Anita Conti appelle sa « caverne », est un véritable cabinet de curiosités dans lequel elle conserve ses archives, ses photographies et ses échantillons. Amusé et intrigué, Laurent Girault se prend rapidement d’amitié pour cette navigatrice de 87 ans. En 1992, appuyé par un groupe d’amis, il créé l’association Cap sur Anita Conti qui a pour but de promouvoir et de difuser le travail d’Anita Conti. Quand elle décède en 1997, Laurent Girault, qui est entre temps devenu son fils adoptif, hérite du fonds d’archives qui est alors géré par l’association.

D’une grande richesse et d’une grande diversité, ce fonds représente plus d’un siècle de documents (1813-1997), photographies et objets produits ou collectés par Anita Conti tout au long de sa vie (1899-1997). On y trouve également les archives de Pâquerette de Quénétain, amie proche et associée d’Anita Conti dont cette dernière a hérité en 1965.
Le fonds comprend :
– 42 mètres linéaires d’archives papier (papiers personnels, correspondance, écrits personnels et professionnels, notes de route, dossiers documentaires) ;
– environ 50 000 photographies (tirages et négatifs) ;
– près de 1 000 documents iconographiques (cartes géographiques, cartes postales, dessins, travaux préparatoires de reliure, etc.) ;
– la bibliothèque personnelle d’Anita Conti, estimée à 2 265 ouvrages ;
– 1 430 objets (mobilier, tissus, vêtements, objets de décoration, matériel de reliure, appareils photographiques, échantillons minéraux, végétaux et animaux rapportés de ses voyages, etc.) ;
– 178 archives sonores (émissions de radio, entretiens libres, conférences, etc.) qui représentent environ 120 heures d’écoute.

En 2003, Laurent Girault Conti fait don du fonds à la ville de Lorient en nue-propriété. L’association Cap sur Anita Conti quant à elle continue d’exister. Elle est dès lors subventionnée par la ville de Lorient et chargée de la valorisation du fonds tandis que le service des archives de la ville de Lorient s’occupe de la gestion et de la conservation de l’ensemble de la collection grâce à un contrat tripartite avec l’ayant-droit. Dix ans plus tard, Laurent Girault Conti dénonce ce premier contrat, entraînant la dissolution de l’association Cap sur Anita Conti en mai 2014. Des négociations entre lui et la ville sont actuellement en cours afin de s’accorder sur de nouvelles modalités concernant la valorisation du fonds. Par conséquent, le fonds est aujourd’hui gelé, jusqu’à l’aboutissement des négociations.

Entre temps, happée par ce fonds d’archives et fascinée par le personnage d’Anita Conti, j’ai eu la chance de pouvoir publier un livre intitulé Anita Conti, portrait d’archives en avril 2014, juste avant que
le fonds ne soit gelé. Il s’agit d’un livre grand format illustré de plus de 300 documents qui dessinent en mosaïque le destin de cette femme hors du commun. Les documents ont été choisis en fonction de leur représentativité afin de montrer toute la richesse du fonds. Par ailleurs, il a été tenu compte de leur lisibilité et de leur difculté d’appréhension pour un public qui découvrirait Anita Conti. Mais les documents ont été également sélectionnés selon ma sensibilité propre, dans l’idée de transmettre l’image que je m’étais faite d’Anita Conti à partir de ses archives. Ensuite, il a fallu agencer les diférents documents pour en montrer la diversité tout en construisant un ouvrage très lisible sans qu’il soit rébarbatif. C’est ainsi que s’est imposée une organisation très structurée, en 21 chapitres thématiques.Chaque chapitre est identifié par une couleur et correspond à un thème majeur associé à une période historique. Chacun est introduit par une double page de présentation qui permet de situer et de comprendre les documents et les photographies proposés dans les pages suivantes. De plus, une liste de renvois est associée au titre de chaque chapitre, indiquant les autres thèmes liés à celui du chapitre en cours. Par ailleurs, un index, des repères chronologiques et des repères de parenté sont disponibles en annexe.

J’espère que ce livre à entrées multiples permettra à tout un chacun de se promener sans se perdre parmi les archives d’Anita Conti et de découvrir ou de redécouvrir ainsi le destin d’une femme d’exception.

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