Passionnante, drôle, innovante ! Cette intervention a été dynamique et doit beaucoup à Marie Ranquet, Éléonore Alquier, et Pauline Moirez, sous la présidence de Valérie Moreau-Versavel. Dans un premier temps, Éléonore Alquier a abordé la réorganisation des Archives nationales par l’ouverture du site de Pierrefitte-sur-Seine, qui touche aussi aux problématiques liées aux publics. Pierrefitte apporte de nouveaux espaces d’accroissement, et donc une nouvelle stratégie de collecte reprise dans l’organigramme remanié. Concernant les lecteurs, la réflexion s’est appuyée sur les types de documents consultés et les publics, que ce soient les administrations, les chercheurs professionnels ou les citoyens. Ainsi, chacun des trois sites s’est spécialisé : Paris régit toujours la valorisation et gère les grandes expositions qui drainent un public plus large ; Fontainebleau, bénéficiant de grands espaces et étant éloigné, joue de ses 40 années d’expérience en communications administratives ; quant à Pierrefitte, sa facilité d’accès et sa capacité d’accroissement sont de véritables atouts. La communication à propos de la nouvelle répartition des fonds est essentielle pour guider les lecteurs : elle va se faire notamment par le biais de la Salle des Inventaires en ligne. Il s’agit surtout d’offrir la même qualité de service sur les trois sites.
Marie Ranquet (@MarieRqt) a ensuite évoqué l’accès aux sources, la CADA et la CNIL, oscillant sans cesse entre ouverture et secret. En effet, l’archiviste n’est plus le seul à pourvoir juger de la communicabilité des documents. Le droit à l’information se diffuse tout autant que le droit à l’oubli, ce qui n’est pas sans poser problème. Les confusions entre les lois de 1978 et celle de 2008 accentuent cela. Marie Ranquet déclare alors « la société, qui demande toujours un plus grand accès aux documents, prend aussi conscience de la sensibilité de certaines archives ». Or, il semblerait qu’aujourd’hui les citoyens tiennent plus à protéger la vie privée qu’à privilégier l’accès aux documents, ce qui nous a permis de revenir sur le projet de directive européenne concernant les données personnelles. La question de l’accès aux documents est pourtant essentielle pour les archivistes : demain, que restera t’il de leur rôle dans l’accès aux documents ? Le lecteur ne risque t-il pas d’être le grand perdant, étant alors privé d’un accès aux sources historiques ?
Enfin, faute de « petits chatons », Pauline Moirez (@archives_masala), archiviste travaillant désormais à la BNF, nous a présenté les archives participatives à travers un Powerpoint haut en couleurs ! Elle tient à le confirmer : les archives ont leur place sur le web ! Il permet d’enrichir les inventaires, les fonds et donc les services à l’usager. Après une explication des termes issus du web participatif (web collaboratif, web participatif, métadonnées sociales, crouwdsourcing), Pauline Moirez a énuméré ses avantages pour les archives : la masse et la diversité des documents pouvant y être diffusés, le tremplin que constitue un programme de numérisation au sein d’un service, la collecte mutualisée des documents d’archives, notamment les documents privés, et enfin la prise en compte des nouveaux besoins des usagers comme la recherche en plein texte, et les description de plus en plus fines. Les publics participatifs, allant des généalogistes aux chercheurs, en passant par les érudits, assurent la qualité des résultats : les archives font ainsi appel aux compétences scientifiques des usagers. Les Archives départementales de Vendée proposent, par exemple, la rédaction d’un guide des sources collaboratif. On peut alors se demander si la participation des usagers n’est pas désormais le moteur des archives et le seul moyen de répondre à une demande de plus en plus exigeante en termes de précision et de rapidité.